POURQUOI LE PHARE DU CRÉAC’H (ÎLE D’OUESSANT) DOIT ÊTRE
INSCRIT AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’ UNESCO
Le littoral sud-ouest de l’île d’Ouessant (Finistère-France) présente un paysage maritime des premiers âges, celui d’une lande sauvage enserrée dans un chaos de roches envahissant la mer et lançant une meute de brisants abrupts aux avant-postes du combat millénaire des houles puissantes de l’Atlantique. Le fracas des navires désemparés et broyés a couvert les siècles jusqu’à cette nuit de décembre 1863 qui, d’un autre bouillonnement, celui du génie humain, a été illuminée par la lumière salvatrice du Créac’h.
Le Créac’h est le phare des phares
Dès 1818, date des premiers travaux de Fresnel, à 1939, seuil de la Seconde Guerre Mondiale, s’est accomplie l’histoire d’un élan national qui a mené le balisage à une perfection méthodique sur l’ensemble des côtes de France. D’un humanisme au service des marins de toutes les nations, c’est une exceptionnelle concentration de conditions favorables au cours de cette période qui est à l’origine de ce qui a fait les phares modernes.
Parmi les grandes étapes qui jalonnent cette période, on citera l’invention de la lentille à échelons de Fresnel (1823), la Commission des phares et son rapport fondateur (1835), Beautemps-Beaupré (1766-1854) père de la cartographie moderne, indispensable pour une reconnaissance précise des côtes, le ciment hydraulique pour les constructions en mer, les chantiers titanesques des ouvrages en mer, les industries des phares à Paris (Lepaute en 1833, Sauter en 1852, BBT en 1862), la cuve de rotation à mercure (1889), le radiophare (1911), le régulateur automatique d’éclairage (1912). Côté éclairage, toutes les avancées technologiques sont de cette périoode: l’huile de colza (1820), l’électricité produite au phare (1863), l’huile minérale (1875), le gaz d’huile (1880), le pétrole vaporisé (1895), l’acétylène (1900), l’électricité produite par le réseau (à partir de 1920), le butane et le propane (1935), la lampe à arc (1939). Enfin, comment ne pas mentionner la présence tutélaire de Léonce Reynaud (1803-1880), architecte d’une centaine de phares et feux puis célèbre directeur du service central des phares de 1846 à 1878.
Cet âge d’or engendrera un patrimoine colossal de phares, tourelles, feux, balises de tous ordres, bateaux-feux, baliseurs, bâtiments de service, matériels techniques et bien sûr appareillages d’optiques de toutes dimensions, véritables chefs d’œuvre de la facture industrielle de la qualité la plus inégalée. Rendu possible grâce à des ressources techniques, humaines et budgétaires abondantes et orchestrées par un service central à son apogée, ce chapitre glorieux des phares s’est développé dans un environnement d’industries et d’inventions pilotées par des savants et ingénieurs hardis et dans un temps où savoir-faire, matériaux d’excellence et génie des arts se sont mutuellement transcendés. Cette période, qui n’a certes pas manqué de soubresauts parfois violents, a cependant été celle de la profusion de projets audacieux servis par la richesse d’entrepreneurs résolus et celle d’un effort national soutenu par une conscience d’État volontariste. Au cours de cet âge d’or le Créac’h a été façonné dans son rôle de phare le plus performant et sans cesse amélioré. Cette quintessence des avancées technologiques portées à leur plus haut niveau lui a donné longtemps le titre de phare le plus puissant du monde avant de le partager. Il reste le phare le plus puissant d’Europe à ce jour.
JE SIGNE LA PÉTITION : LE CRÉAC’H AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO
Le phare du Créac’h, chef-d’œuvre de l’âge d’or des phares
Situé sur une hauteur dominant la mer (Créac’h signifie « promontoire » en Breton), l’établissement du phare du Créac’h a été conçu par Léonce Reynaud, architecte et directeur du service central des phares à cette époque. Les bâtiments actuels, qui ont remplacé ceux d’origine en 1940, conservent un plan masse imposant en forme de « U » qui délimite, dos tourné aux tempêtes du large, un espace intérieur d’où s’élève une tour cylindrique en maçonnerie. Seule rescapée de 1863, elle est restée reliée au bâtiment central, caractéristique conservée pour les grands phares à terre signés Léonce Reynaud. Avec une largeur de 11 m à la base pour 7,40 m au sommet sur une hauteur totale de 54 m 85, le fruit de la tour est d’environ 6,5% soit une diminution de 6,5 cm par mètre ce qui en fait une tour plutôt massive. Léonce Reynaud ne sous-estimait pas la puissance des grands vents. Ses six larges bandes horizontales alternativement blanches et noires signent depuis toujours sa célèbre apparence de jour.
La tour est munie de deux étages pour une double optique, une ingénierie unique en son genre et exceptionnelle, qui abrite quatre lentilles de 2,20 m de diamètre, chacune ayant deux panneaux au 2/9 d’une focale de 0,65 mètre. Un véritable bijou d’industrie de précision qui fut exposé à l’Exposition Universelle de Paris en 1937 puis installé au Créac’h en 1939. Cette double optique est toujours en service et fait partie du classement du phare « en totalité » au titre de Monument Historique (Arrêté du 23 mai 2011). Il était alors équipé en temps normal de 4 lampes à incandescence de 3 000 W et pour les périodes de brume de 4 lampes à arc faisant passer sa puissance de 5 à 500 millions de candelas. Ce dispositif, d’une portée nominale de 60 km, n’est plus en service.
Ce sont désormais quatre lampes halogènes à vapeurs métalliques haute puissance de 2000 watt qui fournissent toujours la même signature lumineuse de deux éclats blancs toutes les dix secondes. Compte tenu de l’élévation du lieu, l’optique domine le niveau de la mer à 70 m d’altitude ce qui permet à la puissance de son éclairage de porter par temps clair à 30 milles nautiques (environ 54 km). Cette disposition du signal lumineux sur deux niveaux d’optiques provoque un ballet tournant de quatre groupes à deux faisceaux de lumière chacun balayant alternativement l’horizon. Cette signature lumineuse unique constitue l’identité lumineuse patrimoniale du Créac’h. Depuis sa mise en service, sa célébrité reconnue attire et émerveille à la nuit tombée un nombre croissant d’amateurs.
Resté authentique le phare du Créac’h représente une valeur universelle
L’ensemble d’optiques sur deux étages de lanternes est resté intact en place et opérationnel depuis 1939. C’est pour le patrimoine un trésor inestimable mais cela relève du miracle. Le Créac’h aurait pu être dynamité comme tant d’autres durant la guerre ou ses optiques détruites. Sa position et sa puissance, utiles à l’occupant, lui ont épargné ce sort. Une guerre sonne généralement le glas des équilibres d’antan au profit de nouveaux modes de vie. Les phares, Créac’h compris, n’y ont pas échappé. Leur automatisation systématique qui a suivi a entraîné le départ de leurs gardiens et de l’entretien minutieux qu’ils y apportaient. Des temps de crédits restreints ont alors mis les phares à la peine, notamment ceux en mer. Plus tard devenus patrimoniaux, ils ont enfin été inscrits ou classés comme monuments historiques. Le Créac’h, resté authentique dans son appareillage malgré son automatisation en 1988, la perte de son signal sonore et la diminution de sa puissance, a été automatisé en 1988 et enfin classé dans sa totalité au titre de Monument Historique en 2011.
Le Créac’h offre un exemple parfait de construction et de technologie illustrant l’âge d’or des phares, période significative de l’apogée de la signalisation maritime en France. Phare aux avant-postes des eaux les plus fréquentées du monde guidant les marins de toutes les nations grâce à une excellence technologique adoptée par les phares du monde, le Créac’h représente une valeur universelle et exceptionnelle de l’histoire de la navigation.
JE SIGNE LA PÉTITION : LE CRÉAC’H AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO
Le phare du Créac’h, totem d’un environnement patrimonial exceptionnel
Comme l’indique le site du Parc régional d’Armorique « Ouessant, véritable musée à ciel ouvert de la signalisation maritime, a toujours été considéré comme un terrain d’expérimentation des nouvelles technologies en la matière. De 1861 à 1939, les travaux dans le domaine ont été à peu près continus ».
Le phare du Créac’h est situé au cœur d’un corpus exceptionnel du patrimoine de la signalisation maritime. Il en est le totem lumineux.
Ses locaux importants et bientôt refaits abritent depuis 1988 le musée national des phares dont les collections dédiées à la signalisation maritime sont uniques au monde.
Avec le Créac’h ce ne sont pas moins de cinq grands phares tous opérationnels, dont trois en mer, qui balisent les eaux de l’île d’Ouessant. Ce patrimoine, exceptionnel en qualité et quantité, couvre 325 ans de l’histoire des phares, de Vauban avec le phare du Stiff à nos jours. Nulle part ailleurs existe une telle concentration de phares d’époques et de genres aussi variés sur un territoire aussi restreint. Chacun de ces phares est à lui seul remarquable. Sur l’île, le Stiff est le second phare le plus ancien de France en service et le Créac’h le plus puissant d’Europe. À la pointe de Pern, parmi des récifs entourés des eaux les plus dangereuses du monde, le phare de Nividic est le plus occidental de la France métropolitaine et le seul phare qui a été conçu sans gardiens. Un chantier de 24 ans et la construction de deux pylônes en mer porteurs d’une ligne électrique et d’un télésiège de visite unique en son genre. Avec son automatisation complète, Nividic fut une première mondiale à son allumage en 1936. Le phare de la Jument (1911), en mer au sud de l’île, qui a connu le chantier le plus court dans des conditions maritimes titanesques, est le plus dangereusement exposé aux éléments. Enfin le phare de Kéréon (1916), situé dans les forts courants du Fromveur à l’Est d’Ouessant, est le plus luxueux de tous les phares en mer. Surnommé le palais des phares, il est aussi le dernier construit en mer.
D’autres éléments du patrimoine des phares jalonnent les alentours du Créac’h. Offrir un moyen de positionnement par temps de brume, fréquente et souvent dense dans cette région, a été une préoccupation constante qui a laissé à Ouessant plusieurs vestiges relevant du patrimoine de la signalisation maritime. À Porz Aziou, près de la pointe de Pern, les murs de l’abri de la première trompette de brume (1866) abritaient un manège à chevaux pour la faire fonctionner. Ce système fut remplacé de 1885 à 1900 par une corne de brume à vapeur plus efficace, dont l’abri existe encore à la pointe de Pern. Sur la côte proche du Créac’h se trouve l’ancien abri de la cloche sous-marine (1909), dispositif pour le positionnement par temps de brume mais qui, trop complexe, fut supprimé en 1919 suite à l’invention du radiophare installé au Créac’h en 1911. Proche de cet endroit, un local sur une roche abrite l’ancien diaphone (1971), puissante sirène de brume à basse fréquence qui portait à 10 milles nautiques et fut éteinte en 2010 suite à la décision de supprimer les signaux sonores. Pour compléter ce riche environnement patrimonial, l’île d’Ouessant recèle aussi nombre de pyramides en pierre, anciens amers (points remarquables) utilisés pour les alignements servant à la reconnaissance des chenaux autour de l’île.
Enfin, faut-il le rappeler, le phare du Créac’h qui sert le meilleur de la technique des phares à la dense navigation internationale de l’entrée de la Manche depuis plus d’un siècle et demi est connu du monde entier. En ces temps compliqués et stratégiquement incertains, pépinière d’experts de la cyber attaque, seule la présence d’un vrai phare puissant peut proposer le lever de doute incontestable qu’attend le marin.
Pour toutes ces excellentes et évidentes raisons, le Créac’h, depuis son allumage en 1863, est le phare des superlatifs qui fait l’admiration du monde entier. Pour renforcer et apporter à ce statut la reconnaissance mondiale qu’il mérite, l’évidence s’impose de lui faire attribuer le statut de patrimoine mondial de l’UNESCO.
Faites bouger les lignes !
Signez et partagez la pétition pour l’inscription du phare du Créac’h au patrimoine mondial de l’ UNESCO. Cette démarche sera longue. Elle doit être soutenue avec ampleur.
JE SIGNE LA PÉTITION : LE CRÉAC’H AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO