Début juillet Tévennec a été le théâtre d’une mission importante et minutieusement préparée par Rémi Schoeler, délégué régional de la SNPB pour la région Auvergne Rhône-Alpes. Réalisée dans le cadre du mécénat des entreprises, elle faisait suite au diner-conférence qui avait eu lieu autour de ce thème en décembre 2018 à Lyon. On se souvient que lors de cette soirée, organisée aussi par la délégation SNPB à bord de la péniche Bellona, le président de la SNPB avait présenté à un parterre d’entreprises le projet de restauration de Tévennec.
Le mécénat au chevet de Tévennec
Suite à cette rencontre et sous l’impulsion de la délégation, trois importantes sociétés de cette région ont signé une convention de partenariat en vue de mettre leurs compétences au service des futurs travaux. D’une part l’entreprise C.O.I. spécialisée dans la captation par drone par photogrammétrie et d’autre part le groupe Leximpact spécialiste de la modélisation des bâtiments. Par ailleurs, la société Hoffner CBI, notamment spécialisée dans la restauration du patrimoine, devient maître d’œuvre délégué du chantier et s’adjoint les services de l’architecte Arthur Schoeler.
Un emploi du temps serré
De son côté la SNPB a assuré le transfert vers Tévennec par hélicoptère, opération rendue possible grâce au mécénat de la société Brédial. Ce moyen de transport a été choisi pour deux raisons essentielles. La première concerne la durée de la mission et la seconde le volume de matériel à transférer. En effet, tous les mécènes présents venaient de la région lyonnaise. S’agissant d’entreprises qui avaient accepté de consacrer une partie de leur temps à Tévennec, soit deux journées, elles devaient impérativement être de retour à leur ouverture dès le lendemain de la mission. Or le transport par mer risquait fort, au vu de l’expérience acquise en ce domaine, de compromettre l’accomplissement de cette obligation. Une situation impensable. Enfin, le matériel technique à transférer, outre les effets personnels pour neuf personnes, représentait un volume et un poids non négligeables sans évoquer la fragilité extrême de certains appareillages. Toutes ces circonstances bannissaient évidemment un transport par mer. On imagine le débarquement rock ‘n’ roll de neuf personnes, pas toutes amarinées à ce point, empruntant une échelle incertaine qui aboutit à un musoir étroit et glissant… Sans compter le nombre de tours pour les transporter avec vivres et matériel, le temps à y consacrer et donc la renverse programmée de la marée, etc.. Ceux qui connaissent la mer en dehors des fanfaronnades accidentogènes comprendront.
Tévennec en 3D
Avec une belle météo pendant toute la mission, le travail prévu s’est déroulé sans encombre ni retard. L’extérieur du phare et le rocher ont été passés au peigne fin sous le regard d’un drone balayant toutes les surfaces de milliards de points. Cette modélisation tridimensionnelle a réalisé une photogrammétrie selon un parcours de vol planifié avec une couverture à 360° du phare et de l’îlot. Ce drone a aussi pris des milliers de clichés et vidéos des extérieurs permettant ainsi d’accéder à une vision détaillée au dixième de millimètre de toutes les parties du bâtiment notamment celles non accessibles comme les hauts et la toiture. En ce qui concerne l’intérieur, un laser a relevé chaque partie de la maison-phare, longuement et très précisément, afin de pouvoir en établir un plan complet en trois dimensions.
Un outil pour le patrimoine…
Une fois toutes ces données traitées et mises en forme, le projet disposera d’une modélisation en très haute définition permettant de séquencer avec précision les travaux à exécuter et de mettre en fabrication les éléments nécessaires à préparer comme ouvertures, pièces de charpente, planchers etc. Si quelque mesure manquait à l’appel lors de la préparation du chantier, il ne sera donc pas nécessaire de retourner sur les lieux. Un gain de temps et des économies substantielles. Enfin, la modélisation en trois dimensions permettra aussi de visualiser l’état exact des lieux en toutes leurs parties et de projeter virtuellement les remèdes à y apporter. De même il sera aisé de voir comment peuvent se présenter diverses versions de travaux. C’est la toute première fois qu’un phare en mer est ainsi modélisé. Grâce à ses mécènes, la SNPB est fière de détenir cet outil extraordinaire au service de la sauvegarde du patrimoine.
Cette mission à Tévennec se révèle donc capitale dans la préparation du chantier dont une première phase est prévue pour s’ouvrir à la saison prochaine en 2020. Les entreprises bretonnes PNR Couverture pour le toit et la maison Chini pour le travail de la pierre, qui ont proposé depuis longtemps leur mécénat de compétence, sont bien entendu étroitement associées à ce projet. Il reste cependant pas mal de questions à régler d’ici là, tant en ce qui concerne les modalités de transport des matériaux, leur déchargement et stockage, que le séjour des volontaires et entreprises affectés à la réalisation du chantier. Car les lieux sont difficiles d’accès et exigus. Mais nous y parviendrons. Nul doute que d’ici là d’autres entreprises et mécènes viendront apporter leur indispensable concours à la sauvegarde, bien engagée désormais, de cet exceptionnel patrimoine. Une image forte, originale et unique qui fait briller le mécénat culturel.